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Groupes de niveau : Gabriel Attal reprend la main et nourrit l’exaspération des enseignants

Pour les images, Gabriel Attal et Nicole Belloubet sont arrivés ensemble au collège Mathurin-Régnier, à Chartres, jeudi 14 mars. Le premier ministre et la ministre de l’éducation nationale ont échangé conjointement avec la communauté éducative de cet établissement d’Eure-et-Loir, et se sont assis côte à côte pour participer à une visioconférence avec plus de 10 000 chefs d’établissement. Un pas de deux soigné pour se répartir la parole, se compléter sans se contredire, alors que leurs communications respectives mettent au jour des divergences persistantes depuis une semaine.
« Oui, les groupes de niveau seront bien mis en place en 6e et en 5e » en français et en mathématiques en septembre, a lancé Gabriel Attal, réaffirmant son engagement pris en tant que ministre de l’éducation nationale en décembre 2023. A ses côtés, Nicole Belloubet a assuré être « complètement partie prenante de ce choc des savoirs » et « en plein accord avec le premier ministre », mais, comme elle s’y astreint depuis son entrée en fonctions, le 8 février, n’a jamais prononcé l’expression « groupe de niveau », lui préférant celle de « groupe de besoin ».
« Quand on parle à notre communauté éducative, le terme de “groupe de besoin” correspond mieux à ce que nous voulons faire. C’est la raison pour laquelle, en plein accord avec le premier ministre, j’emploie plutôt ce terme », justifie Nicole Belloubet, qui insiste sur son « refus de tout tri social ». « Qu’importe le nom, pourvu qu’il y ait la mesure. Pour ma part, je trouve le nom “groupe de niveau” plus clair pour les Français », assurait de son côté Gabriel Attal, mercredi 13 mars, dans un entretien à l’AFP.
Une communication différente pour des cibles différentes : les enseignants pour la première, l’opinion publique pour le second ? « Chacun est dans son rôle, avec sa sensibilité, estime-t-on dans l’entourage de Gabriel Attal. Nicole Belloubet est une femme d’expérience qui ne se laisse pas dicter sa conduite. Elle a aussi son impératif de reconstruire le lien avec les personnels de l’éducation et leurs syndicats. »
Sous leurs apparences anodines, les divergences de vocabulaire sont loin d’être anecdotiques. Les travaux de recherche s’accordent sur les conséquences délétères des groupes de niveau sur le niveau général et sur les inégalités entre élèves, lorsqu’ils sont permanents et concernent des volumes horaires importants.
Ils montrent, à l’inverse, les bénéfices de réunir momentanément des élèves de classes hétérogènes dans des groupes dits « de besoin », à condition que ces derniers soient ponctuels et destinés à travailler des compétences très précises. « Ce sont deux philosophies qui s’affrontent : celle que cherche à afficher Nicole Belloubet, qui est acceptable par la communauté éducative, et celle de Gabriel Attal, qui tient bon sur une position que personne ne veut », résume l’ancien recteur Alain Boissinot.
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